Interview TRoNcKH
Groupe très présent dans le
NPDC, TRoNcKH se démarque par son style musical original et son côté déjanté.
Après de nombreux coups de fils, d'interminables rendez-vous et de fouilles
corporelles, j'ai enfin réussi a obtenir une interview des tant demandés
TRoNcKHistes depuis la sortie de leur nouvel album : «Freak And Hell». Et voila
ce que ça donne :
Salut à vous et encore merci d’avoir bien accepté cette petite
interview, on va commencer par la question banale : Une rapide présentation du
groupe et des membres ?
Nous sommes TRoNcKH, avec Denis aux borborygmes,
chorégraphies et beuglages serbo-croato-araméens, Foune à la guitare, tapping,
et caniching, Nico à la guitare à grosses cordes et aux gros cheveux, et Ju à
les tambours, à les chœurs et à les blagues.
Ce nom de groupe, TRoNcKH, ça vous est venu comment ?
C'est-à-dire que "Metallica" c'était déjà pris, "La Bande à
Basile" ça sonnait bien mais on n'a pas de Basile, et "Within'
Through the Evil’s Window of the Diing Rabbit Down in a Dark Wide Hole of
Madness" c'est très classe mais on sait pas trop ce que ça veut dire vu
qu’on a fait allemand 1ère langue… Alors donc TRoNcKH.
Si vous deviez décrire en quelques mots le style de musique de Tronckh
?
On aurait pu définir notre style par
"Heavy-Fusion-Metal-HipHop-Funk-Zouk-Death-Grind-Hardcore-Musette-Punk-Disco-Drum'N
Doom" mais c'est environ long donc on a arrêté d'tenter d'expliquer
vainement aux gens et on dit sobrement: DéGLiNGo-CoRe!!!
Vous avez sorti en ce
début d’année un nouvel album au nom subtil de «Freak And Hell», comment s’est
passé la composition et l’enregistrement de l’album ?
La composition débute souvent par Foune qui prend une partoche de Pierre Boulez
très difficile et la joue à l'envers le plus vite possible. Et là, on tient le
rif.
Ensuite,
Nico agite ses douze gros cheveux et ses doigts en fonte pour mettre plein de
notes de basse là où il reste des trous. Et là où y'en n'a pas aussi.
Puis,
Ju déclenche une crise d'épilepsie, on le porte prestement derrière ses
tambours avec des baguettes dans les mains et on enregistre.
Et
pour les paroles, la compo inspire à Denis un thème philosophique précis sur la
société ou sur les roll-mops, et il commence à écrire quelques mots dont
"Why" parce qu'il l'aime bien celui là. Sinon, quand Ju en a marre
d'attendre des années, il écrit les paroles lui-même.
Enfin,
on teste nos compos devant les fans, les amis, la famille et la boulangère, et
s'ils pleurent assez fort, c'est que ça commence à être bien. Voilà. Fastoche.
Hop.
Pour
l'enregistrement, on a d'abord bénéficié du précieux soutien de
Domaine-Musiques qui a trouvé dans notre projet l'énergie, la motivation et
l'originalité indispensables pour nous soutenir financièrement, ce qui a donné
l'impulsion et la reconnaissance professionnelle nécessaires pour lancer
concrètement le projet album.
Pour
le reste, comme on est adepte du mode "Do iT Toi-Même", on s'est
joyeusement incrusté chez des potes doués pour la prise de son, on les a
menacés violemment de s'en prendre à leur famille, ils ont donc gracieusement
accepté d'enregistrer.
On a ensuite envoyé toutes les
pistes à notre "Gourou du Son" R3myBoy (www.ahddenteam.com),
sorte de génie moderne du mix et mastering qui nous a concocté ces 12 pistes
qui défouraillent assez pour décoller le papier-peint, et garder l'état
d'esprit, la cohérence et l'atypisme que nous recherchions… On a vraiment pris
le temps pour sortir LE disque qu'on voulait, à l'image de notre son, de notre
état d'esprit.
De quoi parlent les textes de cet album ?
Les paroles oscillent entre profondeur et dérision: de l'emprise des
évangélistes au sein même du gouvernement américain (« Evangelista »), à une
violente diatribe visionnaire sur la spéculation boursière («Homo-Spéculos»),
en passant par le Journal Télévisé de Jean Pierre Pernaut («JT2J2P»), une métaphore
marine sur des poissons crétins et belliqueux («La Débrandade») ou encore la
légendaire maladresse de Denis ("Pierre Richard").
Ça fait déjà pas mal de temps que vous jouez sur scène, vous ne vous en
lassez pas ?
On a une légère tendance à l'hyperactivité voire à l'agitation perpétuelle si
on ne se défoule pas régulièrement sur scène, c'est d'ailleurs une prescription
de notre médecin traitant de jouer au moins douze fois par mois, et comme on
est très à cheval sur les principes en ce qui concerne notre santé… Alors on
envoie toujours plus de pâté sur scène, on pratique la débauche d'énergie
tordue, de breaks improbables, de cassures de rythme, de danses ridicules, de
boucans acouphéniques, de rifs assassins, de débordements contrôlés, bref, de
Déglingo-Core!!!
Pis faire du Rock 'N Roll pour
rester dans un petit local et juste faire chier tes voisins, c'est sympa mais
c'est très vite lassant.
Le live, c'est vraiment le but
ultime de tout TRoNcKHiste qui se respecte, on est pour le partage, la
transmission de fluides corporels, l'énergie commune, l'échange d'ondes avec
les gens. Les vibrations que tu peux ressentir quand tu joues devant une bonne
grosse bande de guénels déchirés à la Suze qui pratiquent un Farandole-Pit
endiablé, ça vaut tout l'or du monde!!
Donc on ne se lassera JAMAIS du
live.
C’est toujours aussi
simple a votre âge de serrer des groupies après les concerts ?
Qu'entends-tu par "à vos
âges" espèce de petit con? Nous n'avons que 72 ans en moyenne!
Pis serrer des groupies, 50% du
groupe n'est pas archi contre (voire même environ très pour, comme Denis et
Nico qui sont encore vierges et purs), mais les compagnes des autres 50% ne
sont pas forcément d'accord…
J’ai eu la chance de
vous voir il y a peu de temps en acoustique, ça vous arrive souvent ?
Pas vraiment, tout ça est venu
d'un pari du genre "z'êtes même pas cap' de jouer votre set devant ma
grand-mère sans qu'elle décède", bah nous on est cap', on l'a fait, mais
elle est décédée quand même.
Ca nous arrive seulement quand
on doit jouer chez les potes, dans des endroits sympa exigus, ou si les voisins
sont des nazis chatouilleux de la gâchette, ou encore pour que nos familles
puissent venir nous voir en concert de temps en temps sans risquer une
explosion tympanique…
Ca change et ça nous fait marrer
de surprendre et étonner en sortant contrebasse, guitare sèche et balais, de
bidouiller nos compos en bossa nova, blues ou autre style que nous ne
pratiquons que très rarement, pis ça permet de jouer là où le Déglingo-Core
serait vu comme une musique de satan! En plus on entend bien mieux les paroles
de Denis, ce qui, comparé au barouf habituel que nous produisons sur scène en
version "classique", est un avantage non négligeable!
Pouvez-vous nous dire
rapidement de ce que vous pensez de la scène locale ?
Depuis longtemps, le Nord-Pas de
Calais en général et Boulogne en particulier constituent un vrai vivier de
musiques dans tous les styles. Il y a eu, il y a et il y aura toujours un
paquet de super groupes et de zicos qui déglinguent dans notre belle contrée,
et on sent toujours cet esprit motivé, créatif et diversifié qui crée une saine
et amicale émulation entre musiciens.
On espère qu'existe toujours ce
respect mutuel entre les groupes qui ne font pas forcément le même style, même
si ça n'empêche pas les vannes !
A Boulogne, quand on était jeune
on trippait sur les Marcel, Wapitis, Growlers, Malice in Wonderland, pis après
y'a eu les Shagma, Amphytryon, les Drebbins, Howard, main'nant y'a les NetFast,
le Vrai Terrien, les Margats, Hellium, Bezukry, etc.
On en oublie la patate, qu'ils
ne nous en tiennent pas rigueur, on peut pas tous les citer sinon cette
entrevue ressemblerait à un annuaire! Et on te parle pas des autres groupes du
NPdC, ça deviendrait encyclopédique...
En tout cas, où que l'on joue,
on est toujours aussi fier de hurler dans le micro "ON VIENT DE BOULOGNE
SA MERE, PAS DE CALAIS PAS DE CHOCOLAT!!!"
Vous avez joué avec pas
mal de grands noms du métal français comme Gojira, Lofofora ou L’esprit du
clan, pour vous quel a été votre concert préféré ?
Les Gojira sont archi cool et
simples ce qui les rend d'autant plus impressionnants à regarder et écouter,
parler à Reno de Lofo fut un moment assez historique où on s'est retrouvé comme
des groupies en chaleur à se frotter frénétiquement contre sa jambe, les Pro
Pain ont passé la moitié de la soirée avec nous à apprendre des expressions en
patois, à tel point qu’ils sont arrivés une demi-heure en retard sur scène, et
ont entamé leur set par hurler « Mes C… suw’ ton nez, t’auwas l’aiw’ d’un
din’don’ !!!… » . La grande classe.
On a dépassé les 200 dates, ça
représente des milliers de rencontres, des centaines de groupes, de lieux
divers et variés et comme on a une mémoire de poule alzheimer, c'est difficile
de se remémorer tous les concerts... Chaque scène petite ou grosse où on
est bien reçu, où les gens sont chaleureux et motivés, où ça twiste, c'est un
VRAI bonheur!
Bizarrement, on préfère
peut-être les scènes à échelle humaine où on sent vraiment les gens, où la
chaleur nous lyophilise sur place, où un inconnu te fait boire sa bière pendant
que tu joues, où on s'prend le 44 fillette du punk qui te slame en pleine
gueule, et où on peut voir le flot de larmes couler sur les joues du public qui
sursaute à chaque coup de caisse-claire!!
A vos concerts on peut
voir des gens d’à peu près tous les styles, c’est un de vos buts de toucher le
maximum de gens de goûts différents ?
C'est pas forcément notre but,
on n'a jamais cherché à faire ce qu'il faut pour plaire au plus grand nombre,
percer et être connu du grand public sinon on aurait fait de la
variété-guimauve ou de la pop-molle-électro-à mèche. On n'a aucune limite
musicale donc on peut effectivement toucher un public assez vaste. C'est pas
fait exprès mais c'est tant mieux.
Même les gens qui habituellement
s'enfuient quand ça hurle et dépote arrivent à apprécier nos prestations live.
Ils se rendent vite compte qu'on ressemble plus à des lapins de 6 semaines qu'à
des égorgeurs de pintades, et qu'il y a toujours un moment pour rigoler, vibrer,
onduler du popotin!
Des dates de concerts
prévues dans quelques temps ?
Plein oui, la TRoNcKHisation de
le monde est en marche !
Entre autres on sera le 27 Mars
à Amiens au Grand Wazoo avec ces cons de MAYO, le 11 Avril au BetizFest de
Cambrai, le 24 Avril au festival Chicon Gratin à Lomme (à côté de Lille) et le
1er Mai au Festival Culturellement Rock au Portel et là ça va être
méchamment Wock ‘N Woll, on apprécie toujours particulièrement le retour à
domicile!!! Et d’autres dates en et hors région toutes plus chamarrées les une
que les autres vont encore tomber, donc restez attentifs…
Avez-vous quelques
anecdotes à nous raconter ? Des concerts foireux, des expériences qui vous on
marquées… ?
Euh… En fait on pourrait écrire
« l’Odyssée selon TRoNcKH » vu le nombre incalculable d’histoires, plans
foireux, anecdotes, cascades, péripéties, explosions, accidents, combustions
spontanées, galères et autres évènements imprévus qui nous sont arrivés en plus
de douze ans d’existence, et y’aurait au moins la moitié qui concernerait
Denis, c’est un véritable aimant à brin…
Entre les fois où il perd son
micro sur scène en plein milieu d’un morceau, ses chutes à répétition sur la
batterie, les « bonsoir Strasbourg » alors qu’on est à Reims, ou encore quand
il glisse subtilement au micro qu’il dansera à fond même s’il a un kyste à
l’anus…
Bref, si ta vie est morne,
insipide, linéaire, prend un Denis à la maison et te v’là au beau milieu d’un
film trépidant d’héroïc-fantasy catastrophe de guerre gore comique !! Prévois
juste un frigo bien rempli…
QUE LA DéGLINGUE SOIT AVEC TOI!
Myspace : http://www.myspace.com/tronckh